Le régime sans gluten et sans caséine est-il efficace pour réduire les symptômes chez les enfants porteurs d'autisme?

Que penser des régimes alimentaires pour les TSA?

Adopter le régime sans gluten et sans caséine (SGSC) est une pratique que beaucoup de parents d’enfants souffrant d’un trouble du spectre autistique (TSA) effectuent afin de réduire les symptômes. De plus en plus de chercheurs cherchent à prouver si ce type d’alimentation est effectivement bénéfique sur ces enfants. Malheureusement, les données disponibles jusqu’à présent ne permettent pas de l’affirmer clairement.

Le microbiote, notre deuxième cerveau

Les régimes sans gluten et sans caséine qui, depuis quelques années, défrayent régulièrement la chronique dans le champ de la pathologie autistique. On sait désormais que l’axe intestins-cerveaux, qui se fait par la voie nerveuse et sanguine, est extrêmement important, ce qui pousse les chercheurs à s’intéresser de près au microbiote, qui contient 8 fois plus de bactéries dans l’intestin que dans les cellules qui composent notre corps (100 000 milliards de bactéries et bien d’autres micro-organismes). 

Cette relation est importante pour le développement de manière positive mais pas uniquement puisqu’elle peut être la cause de dysfonctionnement. On sait également que les personnes porteuses d’autisme ont souvent une porosité de la flore intestinale importante et sont surreprésentés dans la maladie coeliaque (intolérance au gluten).  

C’est ce constat qui donne espoir aux scientifiques de pouvoir, grâce à la gestion du microbiote, proposer des pistes thérapeutiques ou préventives dans les troubles liés à l’autisme. 

Que disent les études?

En 2010, des chercheurs européens ont effectué une étude randomisée-contrôlée à simple-insu pour évaluer l’effet d’une alimentation SGSC chez des enfants souffrant de TSA. Les 72 enfants participant à l’étude devaient soit se soumettre à ce régime alimentaire ou continuer à manger comme à l’habitude. Les chercheurs évaluaient ensuite certains symptômes des TSA, 8, 12 et 24 mois après le début de l’étude. Les chercheurs ont observé une amélioration des symptômes à 8 et 12 mois. Après 24 mois, aucune amélioration supplémentaire n’a été observée, suggérant une limite à l’amélioration des symptômes liée au retrait de ces protéines.

Ceci étant dit, ces résultats n’étaient pas suffisamment convaincants pour une équipe de chercheurs américains, australiens et italiens qui ont effectué une revue systématique de la littérature sur cette problématique en 2011. Selon ces chercheurs, les 15 études répertoriées évaluant l’alimentation SGSC étaient de faible qualité. Règle générale, elles ne duraient pas assez longtemps, comptaient peu de participants et la plupart possédaient plusieurs limites méthodologiques, ce qui permettait de remettre en doute les résultats obtenus. En 2013, une autre revue de littérature a été publiée sur le sujet. Sans grande surprise, les conclusions des auteurs étaient les mêmes.

Une étude américaine publiée en 2012 s’est penchée sur l’alimentation SGSC et a évalué son effet chez des enfants diagnostiqués avec un TSA en se basant sur les changements rapportés par les parents. Les réponses des 387 parents participant à l’étude ont été évaluées selon plusieurs critères. Les enfants qui suivaient le plus strictement et le plus longtemps la diète avaient des améliorations des symptômes du TSA plus marquées que les autres.

Parmi les enfants, 93,4% souffraient également de troubles gastro-intestinaux (diarrhée et/ou constipation), 68,3% avaient des symptômes d’allergies et 61,8% avaient au moins une allergie alimentaire diagnostiquée. Selon les résultats obtenus, l’alimentation SGSC semble plus efficace chez les enfants qui souffrent également d’allergies alimentaires, ce qui laisse croire que plusieurs sous-groupes d’enfants vivant avec un TSA existent et que certains d’entre eux pourraient bénéficier davantage d’une alimentation SGSC comparativement à d’autres.

La prudence est de mise

A l’heure actuelle, les recherchent effectuées sur les régimes alimentaires ne permettent pas d’affirmer l’efficacité des régimes sur les TSA. Elles sont trop limitées tant en quantité qu’en qualité pour évaluer correctement l’efficacité et l’innocuité du régime alimentaire sans gluten et sans caséine.

La taille de échantillons est souvent très limitée et s’accompagnent rarement d’études sur les effets neurodéveloppementaux à long terme. On est confrontés une fois de plus à la très grande hétérogénéité des troubles du spectre de l’autisme. Les limites méthodologiques identifiées sont notamment l’absence de groupes témoins, l’absence de définitions claires, les critères de critères d’inclusion et la très petite taille des échantillons.

Dans la plupart des études les groupes sont trop hétérogènes en termes d’âge et se caractérisent par l’absence de contrôle de la grande variabilité clinique entre les individus. Les interventions peuvent avoir des durées très variables et sont trop courtes pour la plupart. Certaines considérations doivent être mises en place avant la mise en place de ces régimes

En effet, le coût financier des aliments sans gluten et sans caséine et en terme de temps à y consacrer. L’impact sur le familial est contraignant et l’impact social peut être mal vécu par l’enfant qui va être davantage différencié des autres dans la cantine scolaire ou la crèche.

En conclusion, ce type de régime devrait être donné uniquement s’il y a une allergie au gluten ou à la caséine clairement identifiée par le médecin.

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