Qu’est ce que la médiation animale ?
La médiation animale, ou quand les animaux soignent nos maux… Des séances de jeu dans un IME (institut médico-éducatif) entre des enfants et un chat… Des lapins au contact de personnes âgées dans un Ehpad, des chiens confiés à des détenus en milieu carcéral. L’utilité des animaux est multiple pour les
hommes. Si la pratique de la médiation animale (ou zoothérapie) est courante aujourd’hui au Canada, au Japon, en Australie, etc., elle commence tout juste à se faire connaître en France. Son efficacité n’est pourtant plus à prouver. Mais au fait : d’où vient cette pratique ?
La fin du 18e siècle est généralement identifiée comme étant le témoin de la naissance de la zoothérapie. En 1792 précisément, des protestants quakers anglais auraient décidé de placer des patients en compagnie de leurs lapins ou leurs poules. L’objectif était déjà à l’époque d’aider ces personnes à mieux contrôler
leurs émotions. Ce serait donc après cette première expérience que les animaux sont progressivement entrés dans les hôpitaux psychiatriques.
D’ou vient la zoothérapie ?
La théorisation de la zoothérapie à proprement parler est attribuée au pédopsychiatre américain Boris Levinson. C’est finalement par hasard que son intérêt pour la relation homme-animal est née. Lors d’une consultation avec un patient autiste non-verbal qui refusait tout contact avec autrui, le chien du médecin, Jingles, s’est faufilé dans son cabinet. A ce moment là, et alors que les parents du petit envisageaient de faire hospitaliser dans un hôpital psychiatrique, quelque chose d’extraordinaire s’est produit. Le petit John s’est mis à parler pour la toute première fois au contact du chien. « L’animal ne nourrit pas d’attente idéalisées envers les humains, il les accepte pour ce qu’ils sont et non pour ce qu’ils devraient être »
C’est avec cette expérience comme point de départ que le pédopsychiatre est devenu le pionner de la Thérapie assistée par l’animal (TAA ou pet-oriented child psychotherapy), qui a donné naissance à ce qu’on appelle aujourd’hui la zoothérapie (ou médiation animale). « Fondée sur le fait qu’en psychologie infantile la communication doit passer par le jeu, Boris Levinson fut le premier à être convaincu de l’utilistion d’animaux médiateurs dans le traitement des désordres psychologiques », écrivent François Beiger et Gaëlle Dibou dans leur livre « La zoothérapie auprès des personnes âgées »
Les chercheurs d’Amérique du Nord se sont particulièrement illustrés dans les recherches sur la médiation animale à partir des années 1980. Les psychiatres Sam et Elisabeth Corson ont mis en œuvre le premier programme de zoothérapie dans une unité psychiatrique à l’université de l’État de l’Ohio en 1977. Au contact de chiens choisis par leurs soins, les 47 patients de l’expérience ont montré des signes évidents d’amélioration du comportement, gagné en confiance en soi et en indépendance.
L’équithérapie, un cas à part
L’équinothérapie (therapeutic riding ou hippotherapy en anglais), elle, est différente des exemples cités précédemment, en ce que la fréquentation des chevaux permet une thérapeutique ludique, hors des institutions de soins. On peut la diviser en deux pratiques distinctes : l’équitation en elle-même, qui permet de travailler la tonicité musculaire et la posture, et le soin de l’animal, qui concerne davantage l’émotionnel et le relationnel. Les types de patient pouvant bénéficier du contact des chevaux sont nombreux. On peut citer, parmi d’autres, les personnes atteintes d’une infirmité motrice cérébrale, de la maladie de Parkinson, de la trisomie 21, les victimes d’un AVC ou les personnes autistes. Les propriétés thérapeutiques liées au cheval sont connues depuis l’Antiquité. La mise à cheval était pratiquée en Grèce dans les temples d’Esculape pour favoriser l’évolution de certaines maladies somatiques, et fortifier les membres.
Les vertus du contact des chevaux en faisaient déjà une activité préconisée afin de soutenir l’éducation des enfants et des adolescents, et pour améliorer les humeurs de personnes souffrant de troubles psychiatriques.
La seconde étape fait intervenir Renée de Lubersac, psychomotricienne, et Hubert Lallery, masseur-kinésithérapeute, qui vont ensemble chercher à théoriser les bénéfices psychomoteurs véhiculés par le contact avec le cheval. Il publieront ensemble l’ouvrage princeps “La Rééducation par l’équitation” en 1973, fruit d’un travail de recherche les ayant conduits dans toute l’Europe et marquant l’arrivée en France d’une discipline thérapeutique nouvelle, pratiquée par des professionnels médicaux-sociaux. La création de la Fédération nationale des thérapies avec le cheval, à partir de 1986, marque la libération des activités de thérapie de la tutelle des fédérations sportives. L’influence de Renée de Lubersac conduit également ce mouvement de thérapeutes au sein d’un courant largement influencé par la psychomotricité, et vers des activités de prises en charge orientées explicitement vers le corps, dans une lignée thérapeutique humaniste inspirée par Karl Rogers, considérant la personne dans sa globalité.
La création de la Société française d’équithérapie, à partir de 2005, marque un tournant en apportant un nouveau regard sur les pratiques de thérapie associant le cheval. Après la prise en charge médicale, la prise en charge kinésithérapeutique et psychomotrice, c’est à présent la prise en charge psychique médiatisée par le cheval qui se voit ancrée par l’apport des différents domaines de la psychologie et de la psychothérapie à l’utilisation du cheval en thérapie.
Les premiers essais d’utilisation du cheval en tant qu’outil thérapeutique sont marqués par l’histoire de Lis Hartel, cavalière danoise qui décrocha une médaille d’argent en dressage aux Jeux Olympiques d’été de 1952 à Helsinki, après avoir surmonté sa poliomyélite en poursuivant une pratique équestre intensive
Pour aller plus loin : la BNF (bibliothèque nationale de France) a établi une bibliographie sur ce le thème de la médiation animale (ou zoothérapie).