L’EMDR – eye movement desensitization and reprocessing – est une technique utilisée auprès des humains dans le traitement des stress post-traumatiques. Le postulat de départ de l’EMDR étant de partir du constat que chaque mammifère a un système de régulation émotionnelle qui se fait par exemple à travers les mouvements oculaires lors du sommeil afin de “digérer” les informations et expériences stressantes. L’effet de cette pratique peut se vérifier scientifiquement à travailler des IRM réalisés avant et après les séances. On peut y constater une modification de la taille de l’amygdale de la peur.
Les origines de l’EMDR pour les animaux
Un cheval qui a peur des obstacles ou de monter dans le van, un chien qui se cache lors du feu d’artifice, un chat fuyant l’approche d’un étranger, un chien qui a peur du moindre objet qui roule ou qui fait du bruit… Autant de situations qui peuvent être réglées grâce à l’approche EMDR.
C’est la psychothérapeute Fabienne Lannes-Gillibert qui a conceptualisé l’EMDR animal et créé différents protocoles adaptés à l’état émotionnel des animaux. Etant donné que tous les mammifères ont un cerveau limbique, elle a créé un protocole pour appliquer l’EMDR aux animaux, en commençant par son propre chien, qui avait peur du tuyau d’arrosage. « Je peux désormais arroser mes fleurs, près de lui, sans pour autant qu’il prenne la fuite. » Elle a ensuite conceptualisé d’autres protocoles, en fonction de la complexité d’une situation donnée.
Concrètement, on part du principe qu’un traumatisme ou une phobie est liée à plusieurs sens : ouïe, odorat, vue. L’EMDR va donc consister à installer un état de bien être à partir de ces stimulis agréables. Cela implique l’absence de nuisances quelles qu’elles soient : pas de téléphone portable, pas de bruits d’avion de voiture, un voisin bruyant… On privilégie un lieu calme en intérieur.
L’EMDR consiste en une stimulation sensorielle bi-alternée (droite-gauche) qui se pratique par mouvements oculaires, mais aussi par stimuli auditifs.
Attention, ce travail sur les phobies quelles soient issues d’un traumatisme ou qu’elles soient ontygenisur (syndrome de privation) implique une analyse rigoureuse au préalable. En effet il convient de s’assurer auprès d’un vétérinaire qu’elle ne trouve pas son origine dans un dysfonctionnement physique, comme celui de la thyroïde par exemple, auquel cas la solution serait médicamenteuse.
Qu’est-ce qu’un trauma?
Il y a trauma et il y a déclencheur actuel. Lors d’un trauma, à savoir lorsque l’individu vit une situation terrifiante, toutes les informations, tous les éléments sensoriels (auditifs, visuels, olfactifs…) contenus dans cette situation, vont se figer ensemble. Ensuite, et ce peut être des années après, il suffit qu’apparaisse un seul de ces éléments, ou quelque chose qui lui ressemble et ce sera tout le réseau de mnésique qui sera réactivé: c’est le réseau mnésique dysfonctionnel.
Autrement dit, un mammifère peut développer ainsi la phobie d’un objet qui roule, si dans le trauma il y avait un objet analogue (une bicyclette par exemple). Peut être même que le simple bruit d’une roulette pourra réactiver toute la situation traumatogène, avec la même terreur que celle vécu lors du trauma. L’individu ressentira alors des émotions et aura des comportements d’apparence inadaptés en rapport à la situation présente, mais qui, pour lui, seront bien fondés.
Il est important de savoir que cette notion de trauma est plus large encore. Elle ne se limite pas seulement aux situations vécues par l’animal lui-même : un mammifère ayant assisté à un drame vécu par un congénère pourra très bien ressentir dans tout son corps les sensations comme s’il l’avait lui-même vécu. C’est ce que les chercheurs nomment : les neurones miroirs, que possèdent tous les mammifères. En EMDR animal justement, on ne travaille pas avec la conscience des évènements passés, mais avec les mémoires sensorielles liées à cet évènement.
En 2013, l’INSERM (institut national de la santé et de la recherche médicale) a même validé le modèle de l’EMDR dans le traitement des états de stress post-traumatiques chez les petits rongeurs.
Fabienne Lannes-Gilibert, Psychothérapeute et Superviseur EMDR certifiée Europe enseigne désormais via son institut de formation- Emanasso. Jusqu’à présent, l’Institut Emanasso a formé plus d’une centaine de praticiens certifiés EMDR Animal, à savoir des vétérinaires et des éducateurs canins et équins, que ce soit en France, en Belgique ou en Suisse.