Adoptés de plus en plus par les établissements du secteur du médico-social (FAM, MAS, IME, EHPAD..) l’approche Snoezelen a pour but, tout comme les autres thérapies non médicamenteuses dites médiation, la relaxation, la détente, l’apaisement psychique ou simplement le bien-être global, l’amélioration de la qualité de vie en complément à d’autres accompagnements comme l’ergothérapie, la psychomotricité… Mais qu’est-ce que c’est exactement ?
Snoezelen : késako ?
Le mot Snoezelen est une néologisme d’origine hollandaise issu de la contraction entre deux termes : snuffelen (reniffler, fouiner) qui induit la dimension du contact physique avec son environnement mais aussi un contact plus profond, le vécu, le ressenti. Et Doezelen, somnoler, se relaxer, qui induit la l’aspect plutôt passif de l’approche.
C’est en 1976 que cette démarche voit le jour aux Pays-Bas sur l’initiative de Jan Husegge et Ad Verhule au centre de Hartenberg à Ede. Ce dernier était thérapeute responsable des activités occupationnelles et récrétatives et Jan Husegge musicothérapeute. Inspirés par un article de deux psychologues américains évoquant une “cafétéria sensorielle”, ils ont mis en place un espace propice aux expériences sensorielles. Petit à petit, l’approche Snoezelen se propage au-delà des frontières : elle est adoptée au Royaume-Uni et en Hollande. Aujourd’hui, les scientifiques se penchent sur la question. Si les recherches menées ces dernières décennies ne prouvent pas encore l’efficacité de cette approche, elles les soulignent avec appui.
Fibres optiques lumineuses, projecteurs de lumière, musiques et sons, murs aux différentes textures… Les environnements Snoezelen se matérialisent par des salles dédiées, mais aussi à travers des chariots Snoezelen ou des unités mobiles installées dans des chambre ou encore dans des espaces de balnéothérapie.
Ce qu’en disent les thérapeutes
“C’est un moment de repos et de rêverie où il est possible d’ouvrir certains “tiroirs psychiques” dans lesquels sont rangés des émotions, des connaissances, des affects… Des moments vécus grâce aux différentes enveloppes sensorielles contenantes et rassurantes que propose cette approche “, écrit Pascal Martin dans son ouvrage Prendre soin par Snoelezen (Ed. Pétrarques)
La dimension de soin au sens de “prendre soin”, le holding dont nous parle Winnicot, dans un environnement suffisamment bon, prend ici tout son sens. “Une mère qui porte, contient son enfant physiquement et psychiquement par le soins corporels qu’elle lui prodigue, par sa manière de le porter, de le toucher, de le regarder, elle délimite le corps de l’enfant et lui permet de ressentir et d’intégrer les limites de son propre corps. C’est à partir de cette relation suffisamment satisfaisante et ajustée aux besoins de l’enfant dans la continuité avec l’investissement de son propre corps, que l’enfant pourra se construire comme un sujet séparé. Cette sécurité de base est souvent défaillante chez nos patients et le soin Snoelezen permet de travailler ce manque”, écrivent Florence Gaillot, Christelle Nguyen, Tiphaine Odin et Isabelle Chesneau (Snoelezen, un soin thérapeutique innovant en psychiatrie adulte de secteur”, Actes de conférences, 13e journées scientifiques, L’hôpital change et les soins? mai 2017).
Pas de protocole établi, des pistes mises en avant
“Si le Snoezelen se définit difficilement, il ne s’invente, ni ne s’improvise pour autant. Les références bibliographiques sont assez rares. Les références théoriques quasi inexistantes. Néanmoins, il est évident que le Snoezelen répond à une démarche pluridisciplinaire, une réflexion murie et cohérente, une volonté manifeste des équipes et de la hiérarchie, et que le Snoezelen n’est qu’une déclinaison d’un projet de vie qui repose sur des principes éthiques et fondateurs connus et reconnus de tous.” écrit Stéphanie Orain dans Gérontologie et Société (2008/3 (vol. 31/n° 126, pages 157 à 164)
Il n’y a pas de contre-indication mais comme pour tout support de médiation, ll faut rester vigilant, par exemple avec les personnes ayant peur de l’obscurité ou des petits espaces fermés et les personnes épileptiques en décryptant les signes d’angoisse, de souhait d’arrêter l’activité.
Pour autant, afin de professionnaliser cette approche et d’harmoniser les pratiques des intervenants pluridisciplinaires, il semble nécessaire de se baser sur certains principes qui guident le déroulement d’une séance. C’est ce que tente de faire Pascal Martin, psychohérapeute pratiquant l’approche Snoelezen depuis une vingtaine d’années et formateur certifié CNEFOP dans son ouvrage Prendre soin par Snoelezen (Ed. Pétrarques). Il le fait via des tableaux décrivant différents modèles de protocoles sur différents publics et dans différents lieux, grâce à des outils et méthodes d’observation, précisant que “cette proposition de protocole n’a pas vocation à enfermer les individus dans une pratique unique”.
Une autre relation soignant-soigné
Les professionnels du médico-social montrent un intérêt grandissant à l’approche Snoelezen. Ils remarquent que ces prises en charges sont des actions particulièrement salutaires qui enrichissent la dimension humaine dans les résidence. Notamment pour ceux travaillant avec des personnes en situation de handicap psychique dont la pathologie altère la communication ou génère des déficits sensoriels ou cognitifs, accompagner le patient lors d’une séance Snoezelen peut avoir un bénéfice double.
L’approche permet de repenser la prise en charge du point de vue de la sensorialité. L’ambiance créée capte l’attention sur des stimulis agréables et des gestes du soin s’ajustent à la dynamique de la personne faisant que le soin est perçu comme étant moins invasif et unidirectionnel. En quelque sorte, le patient fait cette expérience en interrelation avec le soignant. Le bénéficiaire peut exercer une forme de contrôle sur l’environnement et à son tour cette perception entraîne un bien-être plutôt que de la résistance et des tensions
Aujourd’hui le concept s’étend même à d’autres activités à vocation Snoezelen comme cultiver un jardin senteur, faire des ateliers cuisine ou une balade en forêt. De nombreuses formations sont proposées par des organismes privés mais aussi par l’IRTS des Hauts-de-France par exemple.