Un chien qui déambule dans les couloirs d’un Ehpad, un lapin, des poules, un lama, un poney et d’autres encore… L’image est presque devenue banale : des animaux dans les maisons de retraite ! S’ils peuvent appartenir aux soignants ou vivre “dans les murs”, ce sont le plus souvent des animaux de médiation.
Et pour cause, la médiation animale est une thérapie non médicamenteuse qui a fait ses preuves pour améliorer la qualité de vie des personnes âgées en rompant l’isolement, l’apathie, les troubles du comportement. Et aussi en améliorant ou maintenant les fonctions cognitives des résidents, dont la mémoire fait partie. Alors, comment la médiation animale peut aider les personnes atteintes d’Alzheimer ?
Comment ça se passe ?
Tout d’abord, rappelons la base : ma médiation animale est fondée sur une triangulation bienveillante qui s’installe entre l’intervenant, le bénéficiaire et l’animal. L’animal permet d’entrer plus facilement en contact. A partir de cette relation naturelle, un climat de confiance va s’installer et permettre de travailler grâce au prétexte de l’anima, la mémoire, sans jugement ni attentes, de manière douce et bienveillante.
La maladie d’Alzheimer est une maladie neurodégénérative , motif principal de placement en institution. La solitude, l’isolement, le manque de stimulation intellectuelle ne font qu’accélerer l’évolution de cette maladie.
C’est le premier intérêt de la médiation animale. Au contact du vivant, les personnes âgées sont stimulées agréablement (seules les personnes volontaires participent aux ateliers de médiation animale). En milieu rural, la présence ou la simple évocation d’animaux de la ferme comme le lapin, les poules, font resurgir des souvenirs de manière spectaculaire chez les bénéficiaires. Un jour, lors d’une intervention en Ehpad, j’ai pu assister à quelque chose de très émouvant. Un vieux monsieur souffrant d’Alzheimer, qui ne se souvenait pas ce qu’il avait fait 5 minutes plus tôt, se mit à raconter avec enthousiasme des souvenirs de sa petite enfance, auprès de lapins. Un monsieur qui de surcroit était plutôt renfermé et mutique, ce qui n’a pas manqué de surprendre le personnel soignant présent à la séance.
Des gestes du quotidien pour redonner des repères
Les personnes participant aux séances vont se souvenir des jours de la semaine car ils savent par exemple que le mardi, l’intervenant en médiation animale vient avec ses animaux. C’est un rendez-vous attendu, désiré, qui fournit un repère temporel aux résidents des Ehpad.
De la même manière, et de façon encore plus concrète, les gestes accomplis en séance sur un chien par exemple, comme la toilette, le brossage, sont autant d’actions qui s’inscrivent dans un répertoire de gestes acquis de longue date.
L’idée est de faire appel, sans même s’en rendre compte, à différentes mémoires que nous sollicitons chaque jour pour réaliser par exemple les gestes de la toilette. Le tout, grâce à l’animal, sera source de moment de plaisir.
De soigné à soignant
En prenant soin des animaux, en procédant à des actions simples comme le brossage, (même si la médiation ne se résume pas à cela, loin de là) les bénéficiaires vont, un temps, oublier leur condition de soigné pour devenir soignant. Ils vont à leur tour, prendre soin d’un être vivant et se sentir utile, oublier leur dépendance si dramatique et cause de souffrance pour tant de personnes âgées.
Dans une société qui prône le jeunisme et considère les “vieux” comme improductif et “inutiles” (quelle violence !), l’arrivée d’une personne en institution est une étape très douloureuse voire traumatisante. Elle est confrontée à sa propre condition d’être humain mortel, et les possibilités de fuir cette réalité vont se réduire de plus en plus.
C’est pourquoi il est important qu’elle puisse faire le récit de sa vie : se remémorer ses joies, ses peines, donner un sens à son parcours de vie, se “renarcisser”, continuer et affiner la construction du “moi”, en réinscrivant dans son histoire certains évènements de vie oubliés et/ou mal intégrés ». Ces récits, cette verbalisation, aidés par la présence bienveillante et non jugeante de l’animal, vont l’aider à préserver son identité malgré les pertes de mémoire et le corps qui “lâche”. La personne âgée va pouvoir raconter ses joies, ses réussites, se souvenir qu’elle n’a pas toujours été une “vieille personne”, dépendante, mais aussi une personne vaillante, qui a eu ses moments de gloire. Ces rappels vont nourrir son estimes de soi, particulièrement atteinte.
La motivation comme moteur
Pour tout un chacun, la motivation est un moteur pour avancer, pour apprendre, s’améliorer, se surpasser. Chez les personnes atteintes d’Alzheimer, la mémoire à court terme, immédiate, est fortement impactée, ce qui peut les empêcher de se concentrer, prendre une décision anodine rapidement, mémoriser une information pour quelques minutes seulement.
Or l’animal induit souvent beaucoup d’émotionnel et améliore la concentration de la personne. C’est justement l’envie, la motivation de faire plaisir à l’animal qui provoque un investissement important pour une personne âgée, qui pourra se montrer étonnement investie, ce qui va améliorer le processus de mémorisation des informations.
Cela fonctionne également sur la mémoire au long terme. “On s’aperçoit que la personne se souvient plus facilement de ce dont on lui a parlé la semaine précédente en entretien quand l’animal était présent. Celui-ci fonctionne certainement comme un indice de rappel et l’information est plus facilement inscrite dans la mémoire car elle est liée à un souvenir porteur d’une certaine émotion”, écrivent François Beiger et Gaëlle Dibou dans leur ouvrage de référence La zoothérapie auprès des personnes âgées, une pratique professionnelle.
De manière générale, la médiation animale sort les personnes âgées de leur quotidien et améliore ainsi leur qualité de vie en participant à stimuler et maintenir les fonctions cognitives, physiques, psychoaffectives, sur la socialisation.
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