La langue des signes pour favoriser le langage chez l’enfant autiste ?

Enseigner la langue des signes pour des enfant entendants, l’idée peut paraître un peu saugrenue, et pourtant, c’est une méthode qui a fait ses preuves, notamment sur les enfants autistes non verbaux.

Retard de langage, mutisme sélectif, autisme non verbal… Lorsqu’un enfant ne parle pas, c’est la panique chez les parents et l’entourage.  Une inquiétude d’autant plus justifiée que nous sommes avant tout des êtres de langage. L’absence de communication verbale peut trouver son origine à plusieurs niveaux. Elle pose problème avant tout car elle exclue l’enfant et empêche une communication fluide avec son entourage.

Nous allons parler ici plus précisément des enfants porteurs d’autisme. Plusieurs études ont montré comment l’enseignement simultané de la langue des signes et de l’expression orale accélérerait la communication verbale. Les troubles du langage autistiques sembleraient donc pouvoir être en partie palliés grâce à la langue des signes, qui apporte un sentiment de sécurité nécessaire au bon développement d’une personne avec autisme. De surcroît, si cette personne peut s’exprimer comme elle l’entend, sans les contraintes de la langue orale qui lui posent tant de difficultés, elle ne sera donc plus anxieuse à l’idée de s’exprimer ou de faire les choses comme elle l’entend

A l’origine, l’idée d’utiliser une langue non pas sonore mais visuelle s’est imposée de manière directe ou indirecte avec l’usage de pictogrammes comme dans la méthode Makaton.

Par quels mécanismes ?

La question que l’on peut légitimement se poser est : comment ? Pour beaucoup d’enfants autistes, les fonctions empruntant le canal auditif sont altérées par des troubles neuropsychologiques. Les enfants autistes peuvent également être « phonophobes » parfois à tous les bruits, parfois à des sons particuliers.

Or la langue des signes utilise un canal visuel-gestuel. « La langue des signes présente une composante iconique qui la situe à un niveau différent de la parole. […] Tous ces aspects originaux de la langue des signes en font un vecteur remarquable de travail avec les enfants autistes » écrivent Benoît Virole et Julien Bufnoir dans Perspectives Psy (2006/3, Vol. 45, pages 236 à 242).

Selon l’étude de Geneviève Sancho (2015), psychologue clinicienne et bilingue français/LSF, l’apprentissage de la langue des signes française à une personne avec TSA développe ses compétences communicatives, à un tel point que le locuteur finit parfois par échanger de lui-même avec ses proches, chose qui aurait été impensable auparavant.

De brefs coups d’œil sur son interlocuteur suffisent à capturer l’image du signe, c’est ce que Geneviève Sancho dénomme le « balayage visuel ». Grâce à la langue des signes, le locuteur avec TSA peut être plus apte à comprendre, à se faire comprendre, mais aussi à décrypter ironie et autres jeux de mots du langage, peu aisés à manipuler.

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